Article original page 8 du n°700, mercredi 16 juin 2010 consultable ici
Comment éviter le bouchon, bête noire des banlieusards, le matin ? Dans le secteur d’Orgeval (Yvelines), la société d’exploitation de l’autoroute a mis des panneaux lumineux pour fluidifier le trafic. Elle est satisfaite du résultat.
Le cauchemar des automobilistes a un nom : le bouchon. Il le rencontre sur les 8 628 kilomètres d’autoroutes françaises à péage… Non seulement les usagers paient le prix fort au péage mais, en
prime, soit ils perdent des précieuses heures de vacances, soit au retour, la détente du week-end est effacée par l’énervement de l’embouteillage. Parfois, ils subissent la double peine à l’aller
et au retour.
En 2009, ce sont quelque 82,3 milliards de kilomètres qui ont été ainsi parcourus par les usagers. Mais avec une conduite intelligente et apaisée, bien des problèmes se résolvent pour le bien de
tous, en permettant à tout le
monde d’arriver plus vite à bon port.
Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.
Démonstration.
La circulation automobile obéit aux règles de la mécanique des fluides. Ce principe connu s’est vérifié une fois de plus avec l’expérience menée par la Société des autoroutes du nord et de l’est de la France (Sanef), qui gère également le réseau de la Normandie, sur l’un des tronçons les plus chargés de France, l’autoroute A13, entre Mantes et Orgeval (78), aux abords de Paris. Ici, passent en moyenne 110 000 véhicules par jour, et, aux heures de pointe, entre 6 heures et 9 heures du matin, la voie est saturée de voitures de banlieusards se rendant à leur travail dans la capitale. Les automobilistes mettent alors 45 minutes pour parcourir 25 kilomètres, contre 13 minutes en temps normal. Pour éviter la formation de bouchons, Sanef a installé, sur le bas-côté, des panneaux lumineux qui, dès que les boucles de comptages de véhicules relèvent une baisse de la fluidité, invitent automatiquement les automobilistes à modérer leur vitesse à 110, 90, voire 70 kilomètres/heure.
Et les résultats mesurés, sur une année complète, entre septembre 2008 et septembre 2009, sont spectaculaires. A l’approche d’Orgeval, le secteur le plus chargé, on observait, en période noire,
de dangereux phénomènes d’accordéon, avec de vives accélérations suivies de brusques coups de frein. Grâce au nouveau dispositif, les bouchons ont diminué de moitié et l’embouteillage chronique
de 6 heures à 9 heures, le matin, ne dure plus qu’une demiheure, à partir de 7 heures. L’intensité des bouchons, c’est-à-dire leur longueur et leur durée, a, elle, été réduite de 70 % et le
nombre d’accidents a diminué de 17%.
Quant aux automobilistes, ils gagnent en moyenne 20 à 25 minutes sur leur temps de parcours, en ralentissant… pour aller plus vite. «C’est un peu comme lorsque vous voulez vider une bouteille
d’eau, l’eau s’écoule mieux en la penchant légèrement qu’en la renversant à la verticale», explique Patrick Jacamon, directeur du pole exploitation chez Sanef.
«Outre le gain de temps, la conduite apaisée permet de mieux utiliser les trois voies, où tout le monde roule à la même vitesse, de supprimer les coups d’accordéon, source d’accidents, et de
diminuer les émissions de gaz carbonique», se félicite-t-il. •
Isabelle Rey-Lefebvre