Benoît Hasse | Publié le 27.09.2012, 07h00, article original ici
Contraindre les usagers du périphérique à lever le pied pour réduire la pollution atmosphérique et sonore autour de la capitale… L’idée n’est pas neuve. Elle est même réclamée par les écologistes parisiens depuis près d’une décennie. Mais cette fois, cette petite révolution semble enfin sur la bonne voie.
René Dutrey, l’adjoint (EELV) du maire de Paris chargé de l’environnement, l’a annoncé en début de semaine : l’Etat devrait « très prochainement » décréter la baisse de la vitesse limite à 70 km/h (contre 80 km/h actuellement). Coup de com ou réel projet? Décryptage d’un projet symbolique en quatre questions.Qui décide du changement de vitesse?
Axe essentiel de la circulation en Ile-de-France, mais également voie « d’intérêt national », le périphérique — qui est emprunté quotidiennement par près de 1,3 million de véhicules — bénéficie d’un statut à part. Les règles de circulation sur la voie « la plus fréquentée de France » sont du ressort du gouvernement. La vitesse limite est fixée par décret (article R. 413-3 du Code de la route). Il faudra donc un nouveau décret de l’Etat pour modifier la vitesse limite. « Bertrand Delanoë a écrit en juillet au Premier ministre pour en faire la demande, explique Julien Bargeton, l’adjoint au maire de Paris chargé des transports. Nous espérons une réponse favorable très prochainement. »
C’est pour quand?
Impossible d’annoncer un calendrier tant que le gouvernement n’a pas donné son feu vert. Mais les techniciens expliquent qu’il faudra ensuite réaliser plusieurs aménagements très concrets pour baisser la vitesse à 70 km/h. Changement des panneaux de signalisation (il y en a près d’une centaine), réétalonnage des radars… « Il y a déjà plusieurs réunions techniques entre nos services et ceux de la Ville », précise-t-on à la préfecture de police. « Nous nous tenons prêts, ajoute Julien Bargeton. Dès que nous aurons l’autorisation de l’Etat, les modifications pourront être effectuées en quelques semaines. »
Quels sont les bénéfices attendus?
Selon la mairie de Paris, les avantages de la limitation de vitesse sont triples : elle permettra de réduire les nuisances sonores pour les riverains du périph (plus de 100 000 personnes tout autour de la capitale). Elle devrait améliorer la sécurité routière et pourrait permettre de fluidifier le trafic et donc de diminuer la pollution atmosphérique. Pas de miracle cependant à attendre sur ce dernier point. L’adjoint à l’environnement de Paris estime que les émissions polluantes diminueront de 5%. Une étude des services de la voirie de 2006 indiquait que la baisse de 10 km/h des vitesses conduirait à la réduction des émissions d’oxyde d’azote de seulement 1%.
Pourquoi les conducteurs montent-ils au créneau?
Les nombreux détracteurs du projet dénoncent une « fausse bonne idée » qui n’aura aucun impact; les embouteillages limitant les vitesses à bien moins que 70 km/h la plupart du temps. Les techniciens de l’auto rappellent de leur côté que certains moteurs sont plus polluants à 70 km/h qu’à 80.